Voilà la ferme où j'allais chercher le lait pour ma grand mère paternelle quand j'étais petite
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] elle est restée telle que .
Le propriétaire a maintenant plus de 90 ans ,il vit toujours là , il n'y a plus d'activité mais on imagine aisément la vie qui y régnait il y a de cela plus de 40 ans .
pour moi , c'est facile , j'en ai même l'odeur de l'étable qui me revient et les larmes de nostalgie ( rigole pas Mimile )
La ferme de mes grand parents est à une 50 ène de mètres de celle ci et j'y allais avec un peu d'appréhension parce qu'il n'y avait pas d'éclairage public à cette époque ( alors que les gens se déplaçaient beaucoup plus à pied ou à vélo qu'aujourd'hui et en auraient eu plus besoin ).
En entrant dans la cour fermée ,comme souvent dans les fermes de la Somme , il y avait un immense tas de fumier baignant presque dans la mare où barbotaient canards de barbarie , oies et volailles . Quelle trouille j'avais des oies
qui m'est restée longtemps . Encore maintenant je ne suis pas spécialement rassurée
( rigole pas Sylvie )
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] En s'enfonçant dans la cour entre les deux bâtiments , on trouvait sur la droite les granges , les remises
puis sur la droite la maison d'habitation et les étables .
Bien sur en traversant la cour de ferme ,on marchait dans la bouse et les crottes de poule , il fallait faire attention de ne pas glisser sur le trottoir de briques devant la maison maintenant remplacé par un trottoir de ciment bien régulier .
Ailleurs les silex rendaient la marche périlleuse mais la terre et la bouse faisait un tapis fertile à la pousse de l'herbe mais surtout dans mon souvenir ,à ces plantes assez rases qui donnent des petites boules jaunes ( avec mes frères et soeurs ou cousins cousines ,nous les coupions et imaginions que c'était des petits pois (
Dorigord ) , les graines du rumex , de la chicorée ... )
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Dans mon souvenir , la cour n'était pas éclairée mais je voyais l'entrée de l'étable illuminée d'une méchante ampoule couverte de culs de mouches dont la clarté suffisait au travail de la fermière coiffée d'un foulard pour se protéger les cheveux puisqu'elle posait son front dans le renfoncement du bas flanc de la vache juste devant la cuisse .
Avec ce contact la dame , (je ne me souviens plus de son prénom mais bien de son nom ) pouvait anticiper chaque mouvement de la vache . "Assise "sur un tabouret très bas à trois pattes ( il en existait à un seul pied ) , l'équilibre était précaire et c'était surtout l'appui sur la vache qui la maintenait le temps de la traite .
Pour se prémunir des coups de queues de vache dans la tête et surtout les yeux ( croyez moi sur parole , ça fait très mal ) la dame attachait d'un geste très sûr la queue au jarret de la vache .
La quantité de mouches dans une étable à cette époque était très impressionnante ( les hirondelles avaient de quoi se" rondire"en ce temps là ) ,les vaches se débarrassaient d'elles comme elles pouvaient mais surtout à grands coups de fouets sur les flancs et l'échine , mieux valait ne pas se trouver dans le rayon d'action
Les vaches étaient de race normande et flamande ou de ces deux races croisées . Des vaches calmes , placides même s'il fallait être vigilante pour la fermière que d'un coup de patte , la vache ne renverse le seau posé non pas à plat mais en travers , dans l'angle du jet de lait .
On trayait encore à la main à cette époque mais les machines à traire au pot commençaient à s'installer .
Quelle vie tout de même , et les douleurs dans les mains que ces traites et tous les autres travaux de la ferme provoquaient ...
Quand le seau de lait était plein , la dame versait le lait dans des bidons de 20 litres en aluminium à l'aide d'une passoire elle aussi en alu . On mettait un filtre en papier genre buvard pour filtrer ce lait où une mouche ou un brin de paille a pu tomber . Cette dame utilisait en plus des bas en nylon .
Le matin après la traite , les fermiers posaient ces bidons devant la ferme pour que les laitiers les transvident dans la cuve du camion .
En ce temps là , le lait n'était pas réfrigéré , j'imagine dans quel état arrivait le lait à la laiterie en temps orageux
Quand j'arrivais dans l'étable ,
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] très profonde à mes yeux de petite fille ,j'étais presque "éblouie" pour la lumière de l'unique ampoule sale , je saluais doucement pour ne pas apeurer les vaches et surprendre la fermière .
Mon plaisir était de sentir cette bonne et douce odeur de vache , de caresser le veau attaché court au mur derrière les vaches , de regarder le lait chaud mousseux couler doucement dans le bidon et d'attendre que la dame remplisse mon "potaulait" en alu avec une petite pinte d'une contenance d'un litre .
Une fois fait , je payais ( je ne sais plus combien )il nous arrivait d'aller jusqu'à l'entrée de la maison pour que la dame me rende la monnaie . Je remerciais enfin et là il fallait bien se hasarder dans la cour , se ré-habituer à la pénombre du soir et braver les oies de garde .
Peut être que mon destin s'est joué là , dans cette cour de ferme , dans cette étable , grâce à ces gestes doux et rassurants entre la fermière et sa vache , grâce à ces odeurs dont je garde encore un souvenir olfactif très précis ???
toujours est-il que même si j'avais une peur terrible de ces gros animaux pendant longtemps , j'ai eu un métier qui m'a permis de les approcher tous les jours .
Je suis très contente d'avoir pu prendre ces photos , cette ferme c'est mon enfance , mes vacances chez mes grands parents et plus encore ...